Choisir son écran


Choisir son écran, et le calibrer, est toujours un moment crucial pour tout photographe ou professionnel du monde de l’image. Il n’y a pas de « science infuse », mais vous trouverez ici des pistes de réflexion et quelques aides qui vous guideront au moment du choix de l’écran.

  • Un peu de technique pour commencer

Avant d’entrer dans le vif du sujet, il est important de bien comprendre les différences de technologie.

  • La technologie de l’écran : TN, VA ou IPS

On distingue trois technologies : TN, VA ou PA et IPS.

Les dalles TN (pour Twisted Nematics) composent la majorité des écrans d’ordinateurs portables. Elles sont facilement identifiables par leurs effets sur les couleurs ou la luminosité en fonction de l’angle de vue. Réactives (c’est leur point fort d’ailleurs), elles ont par contre le défaut d’offrir un contraste assez restreint mais, surtout, une colorimétrie limité à 8 bits soit 262.000 couleurs. Peu onéreuses, ces dalles sont à réserver pour des usages tels que la bureautique, les jeux ou le surf sur internet.

Les dalles VA (Vertical Alignment) ou PA (Patterned Alignment), sont produites différemment mais offrent un contraste meilleur que celui des dalles IPS, un angle de vision légèrement moins bon et un temps de réponse correct. Initialement destinée au monde de l’image, ces dalles ne sont par contre pas adaptée à la vidéo car présentant des scintillements. Leur production est malheureusement bien complexe et la qualité (et donc le rendu) peut donc varier d’un écran à l’autre même au sein d’un même lot ! Finalement, elle

Les dalles IPS (pour In-Plane Switching), quant à elles, offrent une belle reproduction des couleurs et un bien meilleur angle de vision. C’est LE type de dalle à privilégier si vous voulez une fidélité des couleurs. Le temps de réponse est, par contre, un peu moins bon sauf à choisir la variante E-IPS. Car l’IPS a vu différentes variantes voir le jour, dont voici les principales :

  • S-IPS (Super IPS)

La disposition des cristaux est en forme de flèche afin d’augmenter l’angle de vision et la colorimétrie.

  • E-IPS (Enhanced IPS)

Evolution du S-IPS, le E-IPS réduit le temps de réponse par application d’une intensité plus forte.

  • H-IPS (Horizontal IPS)

Les électrodes des pixels étant plus fines, cela permet une organisation différente des pixels (disposés verticalement et non plus en forme de flèche) et il en découle un bien meilleur couple contraste/luminosité. Ces dalles sont donc particulièrement adaptée pour un usage photographique.

  • P-IPS (Professional IPS)

Pour un affichage plus précis, en plus de la technologie H-IPS, les couleurs sont traitées sur 10 bits. Ces dalles offrent ainsi un panel de couleur bien plus élevé (les pixels peuvent être orientés suivant 1024 positions au lieu de 256) et un angle de vision toujours aussi large.

IPS vs P-IPS

IPS vs P-IPS

D’autres variantes existent, on ne les citera pas toutes, sauf peut-être la AS-IPS qui, par l’intermédiaire d’une disposition encore différente, permet une meilleure diffusion du rétroéclairage et donc une luminosité et un contraste encore meilleurs.

Enfin, sachez que les iPad et MacBook utilisent des dalles IPS à éclairage LED. Attardons nous d’ailleurs sur la partie éclairage, élément tout aussi important au moment du choix !

  • Le type d’éclairage

Le type d’éclairage peut avoir un fort impact sur l’homogénéité de l’écran. Là encore, un écran non homogène n’est pas forcément à écarter : à partir du moment où on le sait, on peut s’en accommoder si l’on a fait le choix de préférer un large écran plutôt qu’un plus petit mais plus homogène. Car la taille a évidemment un impact sur l’homogénéité des couleurs de part la conception des écrans qui sont de plus en plus fin, la lumière ayant plus ou moins de facilité à se diffuser. Reste qu’une dalle à éclairage LED sera toujours plus homogène que si elle était éclairée par CCFL.

Le type CCFL (pour Cold Cathodes Fluorescent Lamps ou Lampes Fluorescentes à Cathode Froide) est caractérisé par des tubes qui éclairent, par bandes, la dalle.

Les diodes LED, elles, peuvent être placées à différents endroits et de différentes manières (c’est particulièrement vrai pour les TV où l’on distingue les dispositions EDGE avec une disposition sur le pourtour, EDGE avec local dimming où les points lumineux sont disposés en zones et enfin le Full LED où une constellation de points lumineux compose la source de lumière). Enfin, l’éclairage par LED RGB, bien plus onéreux par contre, se trouvera sur les écrans haut de gamme destinés aux professionnels permettant, en remplaçant les LED blanches par des LEDs RVB, d’avoir un meilleur contraste et une meilleure précision d’affichage des couleurs.

  • Et le GAMUT dans tout ça ?

Le GAMUT, soit l’espace de couleurs affichées, est aussi un élément important à prendre en compte. Un écran affichant « seulement » l’espace sRGB, par exemple, affichera en fait 2,5 millions de couleurs… soit l’espace des couleurs imprimables et visibles par l’oeil humain.

Gamut

Par contre, à partir du moment où l’on a besoin d’afficher des images saturées, avoir un écran affichant un large gamut devient primordial pour avoir du détail dans les couleurs qui seraient uniformes sur un écran sRGB.

Enfin, si votre Photoshop sait gérer les larges gammes de couleurs, ce n’est ni le cas de Windows, ni de Mac OS qui vous afficheront alors vos icônes avec de « drôles » de couleurs !!

  • Et les écrans 4K ?

Depuis quelques semaines maintenant, les écrans 4K fleurissent sur le marché. Réservés jusque là à une élite, leur prix a fortement diminué au point de pouvoir les faire entrer dans la liste des choix possibles.

Si votre carte graphique et votre ordinateur sont capables de gérer ce type d’écran (enfin surtout leur résolution), c’est l’occasion de pouvoir travailler avec un confort accru puisque vous pourrez afficher vos images de manière plus détaillée et/ou profiter de plus de place pour retoucher vos photos tout en gardant vos boîtes à outils ouvertes. Ceci dit, toutes les remarques et les différences techniques mentionnées ci-dessus pour les écrans « traditionnels » sont toujours à prendre en compte à commencer par le type de dalle !

Dernière attention, et non des moindres peut-être, veillez à ce que votre écran 4K soit pourvu d’une connectique HDMI en verson 2.0 en plus du DisplayPort. Ce n’est pas systématiquement le cas (pour des raisons de taxes, le HDMI assimilant alors l’écran à une TV), pourtant cela votre seul salut, pour le moment, pour le connecter directement à votre MacBook Pro tout en profitant d’une image fluide à 60 images/secondes.

  • Conclusion et quelques aides au choix

Evidemment, les goûts et les priorités de chacun peuvent et doivent peser au moment du choix : c’est quand même un « outil » que l’on va utiliser parfois quotidiennement et garder en moyenne 5 à 6 ans. Commencez donc par définir vos besoins (dalle mate ou brillante ; type de dalle et d’éclairage ; résolution) et votre budget.

Si vous êtes photographe pro ou retoucheur, c’est la satisfaction du client qui doit vous guider. Vous devrez alors choisir un écran haut de gamme (2.000 euros minimum) à large gamut.

Pour les autres, inutile de dépenser autant, à partir du moment où vous calibrerez correctement votre écran. Les différences se faisant sur les couleurs les plus saturées, il n’est pas nécessaire d’investir plus de 2.000€.
Un HP 23Xi (moins de 200€ ; dalle IPS à éclairage LED ; écran mat ; couleurs de l’espace sRGB) ou un DELL Ultrasharp U2413 (dans les 500€ ; dalle AH-IPS LED ; 99% de l’espace Adobe 1998 et affichage 10 bits) feront largement l’affaire par leur qualité et leur rendu compte tenu de leur prix.
Avec un budget un peu plus conséquent, NEC propose aussi de beaux modèles sous les références NEC PA-241W et PA-271W (remplacés par les PA-242W et PA-272W) pour un budget de 800€ (ou 1.200€ pour le 27″) offrant une dalle P-IPS à l’éclairage TFT/CCFL (ou HA-IPS avec éclairage LED pour les nouveaux modèles), une reproduction de l’ensemble des couleurs de l’espace Adobe 1998 et un affichage 10 bits.
Toujours chez NEC, les NEC Spectraview 241, 271 et 301 (en 24, 27 et 30 pouces) proposent, entre 1.400 et plus de 3.000€, une dalle P-IPS, un calibrage hardware, 110% des couleurs de l’espace Adobe 1998 et un affichage sur 14 bits. Enfin, toujours sous la barre des 2.000€, on trouve les EIZO ColorEdge CG246 et CG276 (en 24 et 27″) avec leur dalle IPS LED au calibrage hardware et affichant 100% de l’espace Adobe 1998 sur 16 bits pour un prix variant entre 1.600 et 2.000€.

Pour ce qui est du calibrage, nous verrons cela dans un second article 😉

Auteur : Christophe BRETON

Sources :

http://www.guide-gestion-des-couleurs.com/sommaire-gestion-couleurs.html
http://www.materiel.net/minisites/guide-achat-ecran-pc/les-differentes-technologies.php
http://www.lcd-compare.com
http://www.blog-couleur.com/?Quelle-difference-entre-sRGB-et