Collection Vivienne Westwood SS17 Menswear


Comme à son habitude, dame Vivienne Westwood utilise les défilés pour servir ses convictions politiques. Cette année c’est la détention, qu’elle estime injuste, du cofondateur de Wikileaks, Julian Assange. Retranché depuis plus de quatre ans à l’ambassade d’Equateur à Londres dont il a obtenu l’asile (pour éviter l’extradition), il est officiellement accusé de tentatives de viol sur deux suédoises. L’ancien hacker se défend de cette accusation et accuse à son tour la Suède de travailler pour le compte des Etats-Unis. En effet, depuis la création de Wikileaks, le site a divulgué de nombreux dossiers secrets concernant des bavures de l’armée américaine en Irak, 90 000 documents concernant la guerre en Afghanistan mais aussi et surtout, le scandale de la NSA et ses méthodes sans limite concernant la surveillance de tous les moyens de communications (notamment les 3 derniers président français, surveillant jusqu’à leurs appels téléphoniques privés). Elle montre son soutien à Julian Assange avec certains modèles présentant les broderies « IoU » qui seraient un appel pour l’Union des Intellectuels. Elle estime que ce sont les classes intellectuelles, qui, de par leur position sociale peuvent élever leurs voix et faire face aux mensonges des classes politiques.

A cela, la créatrice y combine son esthétique caractéristique, à un stade supérieur pour cette saison, de l’homme dandy avec des femmes qui défilent aux côtés des hommes. Pour cette saison, elle pousse le concept de l’unisexe à son maximum. Dans son optique d’évolution globale, la brouille des deux genres pour en créer un unique met l’accent sur des notions qui lui tiennent à cœur : la solidarité, la communion et le partage. Pour appuyer ses propos, on retrouve dans ce défilé, une référence visible aux années 1970 par l’asymétrie et les jeux de transparences ainsi que les couleurs qui se déclinent par des vert kaki et émeraude, des bleu marine et ciel, de l’ocre, de l’orange, du beige et du marron et des nuances de gris. On retrouve également des matières féminine mélangées à celles des années 70 comme le cachemire, la soie, la dentelle et le nylon avec du denim, de la laine, du velours, du coton et du jersey.

Les coupes alternes entre costumes et combinaisons over-sized, jupe moulante, des toges, tuniques, des mailles trouées et de multiples couches. Les ceintures semblent servir à retenir les vêtements plus qu’à les maintenir comme à leur usage initial. On peut se demander si les vêtements n’auraient pas été empruntés ou trouvés, portés comme première nécessité peut importe la taille. Cette idée est renforcée par le port de sandales qui rappelle les chaussures de la piété portées par les religieux ou les rangers, chaussures de protection, faites pour résister à tout. Comme l’explique le Gentlemen’s Quarterly : « Il semblerait que la créatrice essaye de nous prévenir que quelque chose va se passer, une sorte d’évolution du genre et que nous soyons homme ou femme, nous sommes tous dans le même bateau ».

A 72 ans, la doyenne de la mode anglaise nous montre une nouvelle fois qu’elle ne s’est pas assagie. Elle ne pouvait pas mieux célébrer les 40 ans du punk en démontrant que son esprit contestataire était plus vif que jamais.

Auteur : Océane Renouf